Texte: Urs Heller Photos: Roy Matter
Le bouilli: un os à moelle copieux gratiné aux herbes.
Son menu de la Bénichon est un chef-d'œuvre: Nicolas Darnauguilhem.
Le Salé: jambon, saucisses et lard, haricots du potager.
La Bénichon à son sommet. Partout dans le canton, on célèbre la Bénichon. Mais à la Pinte des Mossettes, à Cerniat, elle atteint un tout autre niveau. Ici, tout sonne juste: le charme bucolique de l’auberge, l’accueil chaleureux et la maîtrise de la cuisine. Nicolas Darnauguilhem, sacré «Green Chef of the Year» 2025 par GaultMillau, et son équipe y déploient tout leur talent. Ce qui, ailleurs, reste un repas de village devient ici un véritable spectacle gastronomique: bouilli, saucisses et agneau sont élevés au rang du fine dining. Résultat: complet sur les deux jours de fête.
Typique de la Bénichon: le pain au safran. Il est accompagné d'une moutarde sucrée.
Nicolas Darnauguilhem accueille ses invités avec un bouillon bien relevé.
Une entrée tout en douceur. Sous un soleil d’automne, l’apéritif se prend au jardin. Le repas débute avec la traditionnelle cuchaule au safran et sa moutarde de Bénichon, douce et épicée. Un incontournable. Le chef confie son secret: «Faire tremper la poudre de moutarde une demi-journée dans du vin blanc, puis faire mijoter eau, anis étoilé, cannelle et sucre candi pendant deux heures et demie.» Suit un amuse-bouche devenu un classique de la maison: un bouillon chaud à base d’oignons, préparé avec le plus grand soin. Véritable signature de la Pinte.
Un plat exceptionnel: le ragoût d'agneau, délicatement effiloché.
Le bouilli et le salé. Moment fort du menu: le bouilli. Viande fondante, os à moelle gratiné, légumes et herbes du jardin. Le salé arrive ensuite sur une grande planche à partager: jambon, saucisse, lard, pommes de terre et haricots maison. Une générosité à la fois simple et raffinée.
Une eau-de-vie de pomme, millésime 2023, 42 % d'alcool.
Même les cyclistes ont droit à un schnaps.
Le coup du milieu. Après ces plats copieux, une pause s’impose. Direction le jardin: Nicolas Darnauguilhem sert son propre schnaps de pomme, millésime 2023, titrant à 42 %. En Suisse romande, on appelle cela le coup du milieu. Puis la fête reprend: ragoût d’agneau effiloché au beurre noisette, raisin de Chasselas et purée de pommes de terre, suivi d’un gigot grillé devant la Pinte, nappé d’une sauce réduite d’une rare précision. Le chef étoilé Franz Wiget, longtemps noté 18 points au GaultMillau, salue la performance: «Le menu de Bénichon de Nicolas est tout simplement parfait. Je reviendrai l’an prochain.»
La Pinte des Mossettes à Cerniat, par un beau dimanche d'automne.
Une maison promise à un bel avenir. Parmi les convives figuraient Brigitte et Thomas Frei, propriétaires du Bernerhof à Gstaad et fidèles de la maison. Ils confient: «Nous avons l’intention d’acheter la Pinte et d’y investir. Nicolas Darnauguilhem a un immense potentiel; nous voulons l’accompagner dans son évolution.» Un projet qui garantirait un avenir radieux à cette adresse unique au cœur du canton de Fribourg.