Danny Khezzar, une première à Bad Ragaz. «Il m'est arrivé de discuter par Instagram avec certains chefs, mais je n'en connaissais quasiment aucun côté alémanique, relève humblement Danny Khezzar, le chef du Bayview (Genève, 18/20). C'est une chance énorme de pouvoir rencontrer nos confrères et de se faire connaître des épicuriens outre-Sarine.» Peu connu de l'autre côté du Röstigraben, le finaliste de Top Chef 2023? Certes. Pourtant, il n'y avait d'yeux que pour lui, ce dimanche 10 août au Grand Resort Bad Ragaz, lors de la Garden Party annuelle du GaultMillau. Preuve en est que son cappuccino de pomme de terre, plat signature et véritable «tuerie» si vous nous passez l'expression, était sold-out avant tous les autres plats. Mais l'homme au rire devenu culte n'est pas le seul à nous avoir régalés dans l'immense jardin du Swiss Deluxe Hotel.
(Grande image ci-dessus, de g. à d.: Jordan Theurillat, Danny Khezzar, Guy Ravet et Nicolas Darnauguilhem)
Danny Khezzar et Andreas Caminada en grande discussion.
Nicolas Darnauguilhem met le feu au jardin. En face de Danny Khezzar, le chef de la Pinte des Mossettes (Cerniat, 17/20) et «Green chef of the year» 2025, Nicolas Darnauguilhem était notamment accompagné de… son jardinier Thomas Philippe. Malgré les 28°C (ressenti 35...) la brigade fribourgeoise a cuit de nombreuses pintades sur un énorme gril au feu de bois. Ces dernières ont été servies avec une magnifique et intense sauce aux poireaux, montée à l'eau-de-vie et au beurre. En accompagnement? Un oignon de Florence vêtu de ses plus belles herbettes.
Nicolas Darnauguilhem, heureux d'accueillir les épicuriens dans son stand «barbecue».
Les 1700 berlingots de Jordan Theurillat. Il suffisait de tourner le dos au chef des Mossettes pour découvrir le stand de Jordan Theurillat, chef du Restaurant Anne-Sophie Pic (Lausanne, 18/20). Concentré tout au long de la journée, il ne cachait pas son bonheur de vivre cette journée hors les murs. Comme une évidence, ce sont les berlingots de Madame Pic que lui et deux de ses cuisiniers ont présenté. Trois par assiette, pour cinq-cent invités, avec «un peu de marge», le calcul était vite fait: «J'ai passé tout mon samedi à confectionner des berlingots, souriait-il avant le coup de feu. J'en ai préparé environ 1700…». Ces raviolis à la forme unique étaient accompagnés d'une purée de maïs, d'une délicate sauce au maïs et safran et de quelques éclats de pop-corn et: un délice!
Jordan Theuillerat, chef d'Anne-Sophie Pic au Beau-Rivage Palace à Lausanne.
Les berlingots au maïs, safran et lavande, remontés d'une touche de fromage du Mont-Gibloux.
Philippe Deslarzes concentré à dresser ses centaines d'amuse-bouches.
Philippe Deslarzes? Signature suédoise. Il est un autre phénomène que l'on se réjouissait de retrouver à cette Garden Party: Philippe Deslarzes, «Découverte romande de l'année» 2022, «Promu» l'an d'après, et désormais noté 16/20 au Njørden (Aubonne). Helvético-suédois, le membre des Jeunes restaurateurs et des Grandes Tables de Suisse fait partie des chefs qui impriment le plus leur personnalité dans leur cuisine, et il l'a prouvé ce dimanche parmi la «team amuse-bouches». Son interprétation du terroir suédois, mariage unique de terre et de mer, était respectivement concretisée à travers une tartelette aux bourgeons de sapin et œufs de féra, et une bouchée de betterave confite, tourteau et clou de girofle.
Paul Cabayé (Cuisinier d'Or 2021, au Glacier à Grindelwald, 16/20), Philippe Deslarzes et Guy Ravet prennent un selfie souvenir.
Guy Ravet et son Wagyu fantastique. Président des Grandes Tables de Suisse et ambassadeur Mercedes, Guy Ravet (Emotions, Vevey, 17/20) fait office de fil rouge année après année. Cette fois-ci, c'est avec une joue de Wagyu confite 36h et un espuma de pomme de terre fermentée qu'il a ravi ses hôtes. Notamment Nicolas Joss, le directeur de Swiss Wine, croisé devant le bar Swiss Wine où œuvraient sept vignerons des différentes régions viticoles du pays. «La sauce qu'a réalisée Guy Ravet est fantastique!», se réjouissait-il avant de déguster l'assiette de Tanja Grandits.
Parmi les chefs présents, voici les quatre au sommet avec 19 points: Andreas Caminada et Marcel Skibba (Schloss Schauenstein), Marco Campanella (Eden Roc), Tanja Grandits (Stucki) et Heiko Nieder (Dolder Grand).
Une partie du jardin du Grand Resort Bad Ragaz.
Caminada, Grandits, Campanella et les autres. La cheffe du Stucki (Bâle, 19/20), s'est fait discrète durant l'événement, concentrée sur le dressage de son carpaccio de Saint-Jacques au chou-fleur, proposée en agréable acidité. Son voisin de table n'était autre qu'Andreas Caminada, le mythique chef du Schloss Schauenstein (Fürstenau, 19/20). Joliment relevée, sa côte de porc à l'aneth et ail noir a fait un tabac parmi les convives. Preuve de sa popularité: un sur trois demandait d'ailleurs un selfie! Côté stars, les personnes présentes étaient servies, avec la présence des «Cuisiniers de l'année» 2024 et 2025, Silvio Germann (Mammertsberg, Freidorf, 18/20) et Marco Campanella (Eden Roc, Ascona, 19/20). Des centaines de points GaultMillau certes, mais ce dimanche, tout le monde était tourné sur le plaisir, le partage et la convivialité.
Chaque année, tous les chefs se pressent sur la piscine pour la photo habituelle. Tous, sauf les quatre membres des Grandes Tables de Suisse astreints aux amuse-bouches.
La création d'Andreas Caminada: spare ribs, aneth, ail noir.
Photos: Thomas Buchwalder
