Le Guillaume Tell

En plein vignoble de Lavaux, ce restaurant de poche offre un accueil chaleureux, un décor sobre et une agréable terrasse. Le menu gourmand au rapport qualité-prix honorable donne un bel aperçu de la créativité débordante du chef. Cette aventure en dix plats commence avec une étonnante «Fondue moitié & moitié», en fait un bricelet au gruyère rempli de crème légère au vacherin. La trilogie de brillat-savarin, gaspacho vert et gravlax de saumon déçoit un peu, l’énoncé étant charmeur mais le résultat manquant de peps. Par contre, le fromage finement râpé à l’état congelé est d’une incroyable texture. Sous la même forme sablée et aérienne arrive ensuite un foie gras goûteux, accompagné d’un cappuccino des plus osés: il mêle crème de foie gras, pain d’épice, vinaigre de café et kumquats en étonnant cocktail. Le ceviche de loup de mer à la salicorne croquante rafraîchit les papilles, rehaussé d’une puissante touche de kalamansi, le tout sur un glacis de poivrons bien pimenté. Puis vient une entrée phare: une Saint-Jacques de qualité rare, à peine sautée, sur un lit de lentilles vertes, coiffée d’une rondelle de saucisson vaudois croustillante et accompagnée d’une raviole à l’intense parfum de truffe. Une explosion de saveurs et une harmonie parfaitement maîtrisée.
Le plat surprise proposé en option s’avère aussi des plus gourmands: il joue les chauds-froids entre une généreuse escalope de foie gras poêlée et un sorbet à l’oignon rouge bien acidulé. En plat principal, le carré d’agneau farci aux shiitakés sur risotto d’endives arrive à peine rosé, mais il est tendre, savoureux et richement garni de copeaux de truffes fraîches. Après un joli plateau de fromages, on passe à la traditionnelle palette de sorbets maison (basilic, thé vert-jasmin, banane-piment, kalamansi) dont les contrastes se répondent à merveille. Par contre, le chaud-froid d’ananas au lait de coco, tapioca, sorbet amaretto et meringue finit en un mélange plutôt écœurant. Les desserts sont encore tous accompagnés d’une mousse, caramel et choco-piment. On finit donc repu, mais heureux!