Jardins panoramiques. Certains le connaissaient comme une résidence appartenant à Coop, réservée au géant orange et fermée au public. Détrompez-vous! Depuis plusieurs années, avec ses terrasses et ses jardins s'ouvrant sur le Haut-Lac, l'Hôtel du Léman, situé à Jongny, est définitivement une adresse hôtelière et épicurienne. Epicurienne, comme le nom du restaurant installé en son sein, que nous avons redécouvert au début de l'automne.
La cave à vins vitrée permet de déceler quelques noms bien connus des locaux.
Le restaurant jouit d'une grande luminosité et d'un design moderne.
Vins ultra-locaux. Il y a d'abord le lounge aux larges baies vitrées et dans lequel on profite de l'apéro arrosé de vins locaux. «Nous accordons une grande importance à la viticulture de Lavaux, et de Chardonne en particulier, explique Antonin Vinet, responsable de la restauration de l'Hôtel du Léman. Nos clients viennent ici pour découvrir la région, il est naturel de leur proposer la richesse de notre terroir.» On poursuit dans la salle, lumineuse, du restaurant, et un œil à la carte suffit à comprendre que l'automne est là. Disponible jusqu'à la mi-octobre, la brisolée à partager et la Bénichon en deux services prennent les premiers rôles, tandis que notre choix se porte sur le doux et soyeux velouté de cèpes et ses brisures de châtaignes. Une chantilly à l'huile de truffe et des croûtons ajoutent des contrastes de textures et de températures.
Les joues de bœuf, mousseline de patates douces à la citronnelle et endive à l'orange.
Chef inspiré d'ici. Mais qui se cache derrière cette cuisine aux accents bistronomiques? Aux fourneaux de l'établissement depuis un peu plus de deux ans, Edouard Boudet est arrivé de France (il est natif d'Eure-et-Loir) pour travailler au Montagne (aujourd'hui Là-Haut) avec David Tarnowski, puis s'est dirigé vers le Pont de Brent, où il a œuvré sous les ordres de Gérard Rabaey puis de Stéphane Décotterd, avant d'embrasser les cuisines du Montreux Jazz Café. Des expériences culinaires variées qui lui permettent aujourd'hui de s'épanouir totalement.
Nous avions découvert la cuisine d'Edouard Bedouet il y a deux ans. Cette deuxième visite valide une prestation en hausse.
Dos de brochet du Léman, sauce pôchouse, pommes de terre à la ciboulette, épinards.
Fan d'agrumes. La suite du repas se passe dans du classicisme à la légère revisite. On pense à ce gourmand œuf parfait au jaune crémeux, parmesan, guanciale et pecorino, un peu trop salé toutefois. Mais on pense aussi à ces noix de joues de bœuf caramélisées, effilochées et drapées d'un jus aux feuilles de citron. Mais l'agrume est trop présent, tout comme la citronnelle dans la mousseline de patates douces… L'endive à l'orange est elle fondante et maîtrisée.
L'élégant Mont-Blanc d'Edouard Boudet.
Beau et (très) bon dessert. Preuve s'il en fallait encore que l'automne est arrivé, la carte des desserts dévoile une création autoiur de la noisette et du chocolat, une tartelette aux amandes et mirabelles, et un fabuleux Mont-Blanc. Biscuit Sacher façon pain d'épices, intense confit de myrtilles, le marron décliné en mousse légère et en glace: peu de sucre, beaucoup de gourmandise. Si l'on ne voit «que» les Dents du Midi depuis l'Hôtel du Léman, on se déplace tout de même volontiers pour le Mont-Blanc!
Le restaurant L'Epicurienne à l'Hôtel du Léman à Jongny
Photos: Zori Ivanova, Andrea Ceriani