Haute envergure. Virginie Basselot rêvait de devenir pilote de chasse. Mais finalement, elle a opté pour la cuisine. Et elle a bien fait, puisqu’aux fourneaux, elle a pris de l’altitude à la vitesse grand V. Aussitôt formée aux côtés du talentueux Eric Fréchon dans les ors et les marbres du Crillon, à Paris, la voici promue cheffe au Saint-James, un autre havre de luxe parisien. Ce poste hyper exigeant ne l’empêche pas de gagner sa place dans la confrérie très exclusive des Meilleurs Ouvriers de France (MOF), en 2015: une distinction suprême que seules deux femmes ont obtenu à ce jour! Depuis, elle arbore fièrement sa veste au col bleu-blanc-rouge sans pour autant se reposer sur ses lauriers: en 2016, nouveau défi, elle prend son envol direction la Suisse. A 37 ans, après un an à la tête des cuisines de La Réserve, la voila promue «Cuisinière de l’année 2018» par le guide GaultMillau. Bravo! D’un coup, d’un seul, elle a renforcé la cote de trois des restaurants de ce palace champêtre.
Virginie Basselot
Champêtre, La Réserve? Oui, à l’orée de la ville, la situation et le décor de ce luxueux écrin évoquent à la fois un safari africain et un club de golf écossais. Mais en version branchée et élégamment décalée. Au restaurant gastronomique, Le Loti (16/20), on s’attable dans un évocation de tente fastueuse sous le regard d’un éléphant qui surmonte la cheminée. Le Tsé Fung, restaurant chinois de haut de gamme (14/20) rappelle le Shanghai des années 30. Et, serti dans le parc aux arbres centenaires, le Lodge (13/20) propose une cuisine décontractée, espiègle et variée. Pour que la magie opère pleinement, on accède à la Réserve par «motoscafo», une élégante vedette lacustre qui fait la navette avec le centre-ville et qui dépose ses passagers sur le ponton privé du domaine. Belle entrée en matière!
Féérie contagieuse. Mais ici, la féérie semble contagieuse. On la retrouve donc aussi dans les assiettes, que la cheffe Normande tient à ancrer dans le terroir : «En Suisse, les gens sont attachés aux produits de proximité, on est dans une dynamique locavore qui me correspond». Virginie Basselot a donc tout naturellement trouvé son rythme de croisière avec une cuisine de haut vol, tout en délicatesse et en sobriété. Ses déclinaisons de petits légumes locaux accompagnent des viandes et poissons d’ici (ah, cet agneau merveilleux, et cette truite du Léman à la cuisson idéale !). Elle les agrémente sans les dénaturer de pousses de shizo ou de zestes d’agrumes exotiques. Plus lointain, son cabillaud cuit en basse température se présente merveilleusement fondant: il est devenu un plat-phare de La Réserve, miracle de volupté gourmande. Côté vins, la cheffe a découvert les crus helvétiques: «Une vraie surprise!», qui permet au sommelier de proposer un accord mets-vins en l’honneur de Virginie. Même si, faut-il le rappeler, le propriétaire de la Réserve possède aussi des vignobles prestigieux, comme le Cos d’Esoturnel, l’un des plus emblématiques crus bordelais, qui est ici proposé au verre : à cuisine de haut vol, vins d’exception.
—
Le Loti
Route de Lausanne 301
1293 Bellevue
Horaires
Lundi au samedi: 12h à 14h et 19h à 22h
Dimanche fermé
