Des faillites, voire plus... «Nous avons fait tellement d’efforts: parois en plexiglas, limitations, prises de contact, désinfections... Et nous ne pouvons pas rouvrir comme les autres magasins? Ce n’est pas normal!» Philippe Chevrier, patron du Domaine de Châteauvieux (19/20) à Satigny, est révolté contre la situation actuelle, et encore plus contre l’instabilité dont les restaurateurs sont victimes. En effet, prévue conjointement avec les autres cantons romands pour le 10 décembre, la réouverture des restaurants genevois n’est pas assurée pour cette date. Le Conseil d’Etat communiquera sa décision finale le... 9, soit un jour avant. «Encore une fois, les gens qui décident ont un droit de vie ou de mort sur les entreprises et je trouve ça scandaleux, lâche Philippe Chevrier. Il va y avoir des faillites et même plus, ce que je n'espère évidemment pas, mais que ces décideurs auront sur la conscience.»

 

Comme en mars. Au printemps, les restaurants suisses ont dû fermer leurs portes en à peine plus de vingt-quatre heures. Moins de neuf mois plus tard, le scénario inverse risque donc de se produire au bout du lac. «C’est une incertitude qu’il ne fallait pas rajouter», scande Yoann Caloué. Le chef du Flacon (15/20) à Carouge a mis sur pied des menus à l’emporter mais aujourd’hui, il ne sait pas comment préparer la semaine qui démarre. «Les commandes et la mise en place se font différemment pour le take-away ou le restaurant, explique Yoann Caloué. Et on doit savoir quoi faire! Pour un restaurant comme le nôtre, il faut deux jours de mise en place avant de pouvoir reprendre.» Sans compter toute la chaîne de fournisseurs: bouchers, vignerons, maraîchers... «qui sont aussi pénalisés et auxquels on ne pense pas assez», précise Philippe Chevrier.

 

A trois jours de la potentielle réouverture, tous les restaurateurs sont dans le flou et cette décision tardive frappe encore une fois le milieu de la restauration dans son ensemble. Laurent Terlinchamp, président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève, est désabusé: «Nous ne comprenons pas en quoi les restaurants posent problème, alors que toutes les mesures ont été prises. Ce que l’on attend donc vraiment, c’est de savoir quand et dans quelles conditions ils pourront rouvrir. Mais on nage en pleine incertitude et les autorités ne nous disent rien.» Une chose est sûre pourtant, selon Philippe Chevrier, «les clients suivent les restaurateurs et ne comprennent pas non plus toutes ces décisions». Il faut espérer qu’ils puissent se retrouver encore une fois au bistro avant la fin de l’année.