Nouveaux territoires. Entre le stade de la Pontaise et l’aérodrome de la Blécherette, l’éco quartier des Plaines du Loup est sorti de terre d’un coup. Au cœur de cet ensemble d’immeubles encore en mutation, une grande place accueille quelques commerces, dont deux restaurants. A l’ouest, Histoire Sans Faim, l’adresse familiale du duo qui avait lancé l’enseigne de burgers Inglewood à Lausanne, régale les amateurs de cuisine italienne et de pizzas à la pâte fluffy crousti-moelleuse. A l’est, en lieu et place de l’ancien Green Van, qui garde son adresse du Flon, le restaurant Mounira propose, lui, une cuisine libanaise entièrement faite maison.
Avec la Mounira, Naji Chacra ouvre sa seconde adresse lausannoise.
Galette et zaatar. Inspirée par sa grand-mère, dont il a emprunté le prénom pour nommer sa nouvelle enseigne, Naji Chacra n’est pas un inconnu. C’est lui qui, en 2016, a commencé à régaler les Lausannois pressés avec son food truck de cuisine du Levant installé place de la Riponne. En 2019, il ouvre un take-away agrémenté de quelques tables quelques rues plus haut. Soit le Man’Ouchy, à César Roux, dans lequel il popularise la Man’Ouché, cette galette libanaise à la farine de blé cuite au four et garnie d’huile d’olive et de zaatar qu’il agrémente d’ingrédients au choix.
Outre le houmous et le Moutabbal, la salade du moine avec sa pulpe d'aubergine fumée et sa sauce à base de mélasse de grenade est une délicieuse entrée fraîcheur.
La salade Fattouche façon Mounira se pare d'un ingrédient secret qui fait toute la différence.
La kafta bil karaz est l'une des spécialités du restaurant. Il s'agit d'une boulette de kafta poêlée accompagnée d'une compotée de cerises.
Recettes de famille. Dans cette Mounira, qu’il gère avec son beau-frère Mark Helou, Naji Chacra voit les choses en grand: «Nous étions à la recherche d'un second lieu depuis deux ans. En visitant cette arcade en juin dernier, nous sommes tombés amoureux du lieu et du quartier. Comme ce restaurant est beaucoup plus grand que le Man’Ouchy, nous avons voulu agrandir la carte, mélange de classiques et de recettes plus personnelles.» Baigné de lumière, ce vaste espace traversant dispose de 75 places, presque entièrement occupées lors de notre visite, et d’une cuisine semi ouverte qui ne cache presque rien de ce qui se trame en cuisine. Aux beaux jours, l’immense terrasse promet de belles tabées en extérieur. Côté carte, si les classiques de Man’Ouchy, man’ouchés, grillades, sandwiches et mezzés, sont au rendez-vous, sur place et à l’emporter, la liste s’enrichit de quelques spécialités du chef.
Le plat du jour, un freekeh, plat autour d'une variété de blé dur cueilli avant maturation.
Le samké harra est un filet de filet de cabillaud aux épices libanaises et sauce piquante maison. Car oui, la cuisine libanaise décline aussi les plats de poisson.
Invitation au voyage. Qui dit cuisine libanaise dit mezzés! Et ceux-ci sont bel et bien présents. Du côté des incontournables, la salade fattouche étonne par sa fraîcheur et son petit ingrédient secret que le chef ne nous a pas confié malgré notre insistance. Tomates, concombres et salades finement coupées regorgent de fraîcheur et le pain libanais crispy déposé en guide de topping tient parfaitement son rôle croustillant. Plus subtile que le moutabbal, la salade du Moine dans laquelle pulpe d’aubergine légèrement fumée côtoie poivrons, persil plat, oignons, tomates et grains de grenade est agréablement relevée d’une sauce à base de mélasse de grenade, sumac, jus de citron frais et huile d’olive extra vierge, dans un parfait duo aigre-doux. C’est délicieux!
Pour changer des baklavas, le halawit el jibn se compose d'un rouleaux de semoule fine et de fromage garni d’achta et nappé d'un délicat sirop à la fleur d’oranger.
Le mouhallabié, sorte de pana cotta à la fleur d'oranger, est une valeur sûre.
Poisson et blé vert. Du côté des spécialités, le Samké harra, soit un filet de cabillaud rehaussé d’une sorte de sauce vierge cuite et piquante est une excellente alternative pour ceux qui rechignent à opter pour les grillades. Justement saisies sur la plancha, brochettes kafta, poulet taouche ou entrecôte de boeuf sont accompagnées de sauce toum à l’ail et de pain libanais recouvert de sauce piquante, d'oignons rouges et de persil. Le plat du jour, un freekeh libanais, détaille un filet de poulet tendre et épicé accompagné de ce blé vert si caractéristique, entre le riz et le boulgour. En guise de dessert, la Halawit el jibn est une jolie découverte: ce rouleau de semoule fine et de fromage fourré d’achta est nappés de sirop à la fleur d’oranger et d’éclats de pistaches. Un dessert étonnamment peu sucré pour une gourmandise orientale.
Restaurant La Mounira à Lausanne
Photos: Jennifer Segui
