Photo: Charly Rappo/arkive.ch

Mardi, 5 juillet, 10h30: écrasé sous le soleil d’été, le village de Schüpfen a tout d’une localité de Far West. Pas un chat. Pourtant, dans une halle industrielle au bord de la route déserte, on entend des applaudissements. Et c’est un tapis rouge qui invite à entrer. Car c’est là, dans la campagne bernoise, que Laurence Rochat, Franck Giovannini, Casimir Platzer et Martin Schlupp, président du Grand Conseil bernois, avaient rendez-vous ce matin au milieu d’un parterre de candidats au Bocuse d’Or et de journalistes. Motif de la réunion: inaugurer la machine de combat des chefs suisses, la «Cuisine Philippe Rochat», sept ans, jour pour jour, après le décès du célèbre chef.

 

Un projet initié par Philippe Rochat. «C’est un pas vers une professionnalisation des entraînements, comme dans les pays du Nord et comme dans le sport de compétition», se réjouit une Laurence Rochat radieuse. Car la mémoire du grand Philippe Rochat est une nouvelle fois honorée et associée à un projet qui tenait à cœur au chef de l’Hôtel de Ville de Crissier: «Philippe a toujours encouragé les candidats aux concours, poursuit Laurence Rochat. Ce projet fait sens.» En effet, en 2007, lorsque Franck Giovannini a participé et remporté la troisième place du Bocuse d’Or, il était déjà question de créer une cuisine d'entraînement sur le modèle nordique. Un voyage en Norvège avait même été organisé pour s’en inspirer. Puis le projet est tombé à l’eau pour ressurgir… juste avant la Covid, mettant à plat les finances de l'Académie. C’est alors que Peter Geiser, ex-propriétaire de l’entreprise KADI et soutien historique du Bocuse d’Or, a décidé de financer le projet de «Cuisine Philippe Rochat», inauguré aujourd’hui.

 

Quoi de neuf? Mais qu’a-t-elle donc de si particulier, cette «Cuisine Phillippe Rochat»? Elle permet de mettre les candidats dans l’exacte situation du jour de l’épreuve qui les attend. Chaque élément étant disposé exactement comme lors de la finale. Et comme la taille de la cuisine varie d’une finale à l’autre, la «Cuisine Philippe Rochat» est modulable et même itinérante: que le candidat soit romand, alémanique ou tessinois, toute l’installation peut être déplacée près de chez lui. «Les concours ont un fort potentiel de motivation des jeunes, a commenté Casimir Platzer, président de Gastro Suisse. C’est important à l’heure où les métiers de la restauration connaissent de gros problèmes de personnel.» Pour fêter ça, l’Académie Culinaire Suisse a mis les petits plats dans les grands, mettant caviar et champagne au menu. Au milieu des invités, Anne-Marie Rochat, la sœur de Philippe, est émue: «C’est une belle façon de poursuivre son projet».