Un temps à raclette. Les pluies glacées et soutenues n'ont pas découragé les plus de 14'000 amateurs de fromage fondu venus assister à la deuxième édition des championnats du monde la raclette, à Morgins (VS). Lors de notre visite samedi en début d'après midi, plus de 22'000 raclettes avaient déjà été servies, comme on pouvait le voir sur un compteur en temps réel. Et sans doute beaucoup de vin et de bière, aussi, tant l'ambiance était conviviale, propice à boire un petit canon au son des orchestres. Dimanche, en fin d'événement, les organisateurs annonçaient le chiffre de 50'000 assiettes servies. Du côté des pommes de terre, «trois tonnes» ont été englouties, et «deux palettes de cornichons et d'oignons».
Parmi les stands de dégustation, la raclette au feu de bois a fait un malheur.
Une scène de cène. Plus de 150 fromages du monde entier étaient en compétition. Dans la catégorie reine des raclettes d'alpage au lait cru, c'est l'alpage de la cave du Scex (Crans-Montana, VS), qui a remporté la médaille d'or. Il fallait voir la salle de dégustation, silencieuse, dans laquelle trônait en majesté Eddy Baillifard, l'ambassadeur du fromage à raclette du Valais AOP. Assis au milieu d'une table XXL, le bonhomme, dont la silhouette était nombée d'un halo lumineux, donnait à la scène avait des airs de … Cène. Il y avait presque quelque chose de divin. On ne le surnomme pas le pape de la raclette pour rien! Avec de prestigieux fromagers et autres professionnels internationaux, il formait le «super jury» de spécialistes, complété par un autre jury d'amateurs. Cette année, des fromages à raclette venaient même du Japon, signe de la popularité grandissante de ce plat en dehors des Alpes.
Bernard Mure-Ravaud, Maître fromager et Meilleur ouvrier de France (à g.), et Philippe Moreau, Vice Premier Fromager de Belgique 2010, faisaient partie du super jury de professionnels.
Raclette à scanner. Outre une démonstration de soft power suisse à l'odeur de fromage, l'événement fut un succès aux retombées multiples. La station de Morgins n'avait plus un seul lit disponible, contre un taux d'occupation habituel de 30% à la même époque, a assuré Raphaël Brandou, responsable marketing & qualité de l'événement. «Le championnat permet, surtout pour les fromagers primés, de mieux valoriser leurs fromages». Comment? Par exemple en les vendant un peu plus cher. Une meule part habituellement autour de 17 francs le kilo, prix de gros. Un fromage médaillé peut se monnayer 2 francs de plus. Autre piste de valorisation, déjà visible sur certaines meules: des pastilles avec un QR code à scanner pour obtenir des informations sur l'origine du produit, ses arômes et saveurs, et les personnes qui sont derrière sa production. Tout cela tire la qualité vers le haut. Nul doute que dans deux ans, pour la troisième édition, les fromages seront encore meilleurs. Quant au raclette japonais, on n'a pas pu le goûter. Il paraît qu'il avait le goût… de sushi, selon une source proche du dossier. La proximité de l'océan, sans doute.
Les différents chapiteaux abritaient de nombreux stands tenus par des producteurs.
Photos: La ptite galerie, Fabien Goubet
