Maison du Village

C’est une petite maison de village, on l’aurait deviné, portant un loup à son enseigne et qui se prolonge d’une aimable terrasse ouverte sur le lac de Neuchâtel et les Alpes en toile de fond. L’accueil y est adorable et souriant, le service prévenant et pertinent. Les propositions de vins en accompagnement du menu sont tout simplement passionnantes. Et la cuisine? Marc Strebel, le chef, a développé ici au fil des ans une gastronomie moderne et ciselée. Une cuisine délectable, à l’apparence décontractée mais au raffinement jubilatoire. De plus, elle est truffée de trouvailles, comme ce concombre melon qui agrémente un amuse-bouche estival et gourmand, rafraîchissant (ah, ce petit sorbet!) et parfumé (oh, cette huile de basilic!). Ainsi arrive une rose de radis noir au pesto brûlé (mais volontairement et avec un infini doigté), aux graines de grenade et au vinaigre de Banyuls suave: un équilibre idéal. La déclinaison de tomates douces se révèle d’autant plus goûteuse que leur peau réduite en poudre en concentre les saveurs.
Alors on poursuit avec cette rascasse rouge en surprenant et superbe accord avec du boudin de porc laineux des frères Alcala, à Vaumarcus. Il est entouré de fèves croquantes et d’une bisque voluptueuse, à laquelle une roussanne tout en fraîcheur de Valentina Andrei donne admirablement la réplique. En plat principal du menu, on passe à un joyeux échantillon de veau à partager. La table se couvre de petits bols avec l’entrecôte d’un côté, le cou de l’autre, du chou-fleur dans un troisième et de petits légumes colorés pour compléter le tableau. Mais le clou de ce plat, c’est l’intense sauce au bouton de cannelier. Prédessert et dessert sont dans la même veine, avec notamment une association audacieuse de cannelle en glace, de betterave et de griotte. On fond!