Photo: Léguriviera

«Tout est dans la garniture»: le slogan de Léguriviera se reconnaît entre mille. Et pourtant, c’est par hasard que David Lizzola, le patron de cette entreprise de fruits et légumes, a trouvé cette phrase devenue signature: «Je voyais souvent passer la pub d’un fournisseur de viande qui disait «Tout le reste n’est que garniture», raconte-t-il. J’ai voulu prendre la balle au bond pour mettre en valeur les fruits et légumes avec un slogan miroir - «Tout est dans la garniture». On a alors réalisé des illustrations sympas, en construisant visuellement des animaux avec des légumes.» Cette anecdote reflète bien le caractère du fondateur et patron de Léguriviera: décontracté mais stratégique. Le fournisseur de fruits et légumes fête vingt ans de succès à l’américaine: David a commencé dans un garage.

 

Chez les plus grands. Aujourd’hui, son entreprise est un poids lourd sur le marché romand des fruits et légumes, et fournit beaucoup de grands chefs. Giovannini (19/20), de Courten (19/20), Pic (18/20): les plus grands font appel à David Lizzola. Mais aussi des lieux plus modestes, à l’instar du Bistro de Lavaux (14/20) à La Conversion ou la Brasserie J5 (12/20) à Montreux. «Le plus gros challenge au quotidien pour mes équipes et moi, c’est de dénicher les producteurs qui ont la carotte parfaite pour tel chef, le poivron ajusté pour tel autre, ou simplement l’offre assez grande et la plus qualitative pour subvenir aux besoins d’un établissement scolaire. Trouver le meilleur pour tout le monde.» Car Léguriviera est devenu le partenaire d’une grande partie des entreprises de restauration romandes - bientôt aussi à Bâle, chez Peter Knogl (19/20) - de la cantine scolaire aux tables étoilées.

 

Une belle histoire. Pour arriver à ce niveau, David a fait un long chemin depuis 2001. Plein de l’insouciance de ses 23 ans et avec sa petite camionnette, le jeune David va alors chercher ses premiers légumes, démarche ses premiers clients… et y prend énormément de plaisir. Alors il continue: «Je n’avais rien à perdre, au contraire! J’ai beaucoup tâtonné avant de me poser vraiment, avec une direction stable.» Petit à petit, il se construit un formidable réseau de producteurs, clients et amis. Petit à petit, David Lizzola frappe  à la porte des plus grandes toques et Léguriviera s’étend. «Il y a eu des moments plus compliqués, admet-il. Au tout début, un concurrent se faisait passer pour des clients et m’envoyait des fausses commandes. Je les honorais, évidemment, mais les restaurateurs me disaient «Non David, je ne t’ai jamais commandé cela!». Ça m’a marqué, et je fais d’autant plus attention à qui gravite autour de moi.»

Léguriviera

Un des camions de Léguriviera, avec le slogan qui matche!

Léguriviera

Un espace de transformation des fruits et légumes, où des dizaines de collaborateurs s'activent.

Les ressources humaines - au premier sens des mots - font partie de ce que David a de plus cher dans son entreprise. L’homme sourit en évoquant ses employés, et insiste: «Je me suis toujours entouré de personnes qui savent ce que je ne sais pas, qui font ce que je ne fais pas. Sans ces 250 personnes, je ne suis rien.» L’allure toujours soignée, celui qui a joué au football avec Franck Giovannini (19/20) pour l’Hôtel de Ville de Crissier contre le FC Yvonand, dans le cadre d’un match de gala, parle avec passion de «ces petites mains qui font Léguriviera». Il se souvient de ce premier souper de boîte, au karting à Villeneuve, et du dernier avant la pandémie, qui a réuni cinquante fois plus de monde.

 

Un covid vitaminé. Si elle a su retrouver aujourd’hui un rythme de croisière encourageant, l’aventure Léguriviera a énormément souffert de la crise sanitaire. Logique: lien infaillible entre terre et assiette, l’entreprise a perdu plus de quarante pourcents de son chiffre d'affaires dans le secteur de l'hôtellerie-restauration et des cafés en 2020 et en 2021. Mais plus que la fragilité financière, David Lizzola retient une réactivité formidable: c’est à cette époque que son équipe et lui ont lancé une petite gamme de produits prêts à manger. De mille portions mensuelles à leurs débuts, ces «fresh bowls» ont… septantuplé en quelques mois. Et comme il ne va pas s’arrêter en si bon chemin, l’entrepreneur a encore pleins de projets en tête, notamment un livre. Affaire à suivre…