Propos recueillis par: Urs Heller
Les hommes du Badrutt. Le Badrutt’s Palace a déjà remporté de nombreuses distinctions. En voici une de plus: «Hôtel de l’année» 2026 de GaultMillau. Cet hôtel est hors normes. De par ses suites luxueuses, qui coûtent jusqu'à 40'000 francs la nuit. Ou de par son offre culinaire exceptionnelle, avec onze restaurants, entre gastronomie raffinée et comfort food. Deux hôteliers d’exception portent ce prestigieux établissement au niveau mondial: le directeur Richard Leuenberger en première ligne, et le délégué du conseil d’administration Hans Wiedemann, discrètement en coulisses. Interview avec Richard Leuenberger.
Grande photo en haut (de gauche à droite) : Les collaborateurs du Palace Matteo Oddo (responsable des bars), Giorgia Bazzo (relations clients), Ilaria Meloni (room service), Frédéric Breuil (chef exécutif par intérim), Giulia Loddo (femme de chambre), Mattia Buccafurri (voiturier), Matteo Piazza (concierge), Marco Monaco (chasseur), Christopher Sannino (majordome), Natalie Sciacoviello (fleuriste), Jatinder Kumar (chef spécialisé en cuisine indienne)
Place à la «coolcation»: le Badrutt’s Palace Hotel à Saint-Moritz est aussi une adresse de premier choix en été.
Le Badrutt’s Palace est une icône, un hôtel de rêve. Quel est le ticket d'entrée pour la chambre la moins chère?
En été, entre 700 et 750 francs ; en hiver, 1500 francs. Concernant les prix élevés, il n’y a pas de limite. Les plus belles suites, dans la tour et dans la nouvelle aile Serlas, coûtent 40'000 francs par nuit.
Et les gens paient sans broncher?
Sans broncher. Les clients de ce segment sont habitués à ces tarifs. Comparés au niveau international, ces prix sont tout à fait corrects. Au Airelles à Courchevel, au Little Nell à Aspen ou encore à l’Alpina à Gstaad, les tarifs des suites les plus luxueuses sont du même ordre.
Au Badrutt’s Palace, on parle anglais chez les clients et italien parmi les employés. On n’entend presque plus de suisse allemand.
Nous avons une clientèle résolument internationale: États-Unis, Moyen-Orient, Asie, Brésil, Inde – même en été. Des destinations comme la Côte d’Azur, la Sardaigne ou Capri atteignent leurs limites: trop de monde, des températures trop élevées. Nos clients nous disent régulièrement qu’ils se sentent très en sécurité en Suisse. C’est un argument important pour eux.
Un directeur général d’exception: Richard Leuenberger, Badrutt’s Palace Hotel à Saint-Moritz.
Saint-Moritz, nouvelle destination estivale? Pour passer des «coolcation» en Engadine?
L’avenir se joue sur la saison d’été, car en hiver, nous sommes de toute façon complets. Cela ne vaut pas que pour nous, mais pour toute la région. L’Engadine est une destination magnifique même en été. En ce moment, nous avons 200 hôtes à l’hôtel, l’ambiance est aussi bonne qu’en hiver, et l’offre d’activités en plein air est pleinement utilisée. Ce matin, nous avons loué douze vélos – cela n’était jamais arrivé auparavant.
Vous avez pris à temps le virage vers la saison estivale. Par exemple avec une piscine extérieure complètement folle, aussi grande qu’un terrain de football.
Elle est immense, et l’ensemble de l’installation nous a coûté 4,5 millions de francs. Mais c’est ce qu’il faut au Palace, cela fait partie de notre vision pour le spa. Nos clients doivent pouvoir se détendre dans l’eau et dans le jacuzzi, sans aucune sensation de surpopulation. La pelouse pour s’allonger, le restaurant Diala avec vue sur le lac, ainsi que le grand club enfant sont également très appréciés.
Je n’ai jamais vu autant d’enfants au Badrutt’s Palace.
C’est un changement de génération. La nouvelle génération de clients veut partir en vacances avec ses enfants, et notre hôtel, tout comme l’Engadine, est une destination familiale idéale. Les clients européens s’occupent eux-mêmes de leurs enfants ou les confient à nos accompagnants, tandis que les clients asiatiques voyagent avec leurs nourrices.
Haut lieu de rencontres, le restaurant Chesa Veglia est à la fois rustique et élégant.
Photographié des milliers de fois, le Grand Hall avec sa vue magique sur l’Engadine.
Dans l'aile Serlas, même les salles de bains sont un véritable plaisir pour les yeux.
Vous devez savoir très précisément ce que le client recherche aujourd’hui. Que veut-il?
De l’expérience, de l’authenticité. Il veut repartir avec un souvenir unique. Il cherche un hôtel qui n’est pas figé comme un monument, mais qui évolue. L’air du temps va à l’encontre des chaînes hôtelières, qui se ressemblent toutes et proposent toutes la même chose. La Gen Z est une génération solitaire. Elle recherche dans un hôtel des espaces sociaux, où elle peut rencontrer d’autres clients de manière décontractée, des personnes qui partagent le même état d’esprit. Et nous en avons: le hall iconique, le bar Renaissance ou le restaurant Chesa Veglia sont de tels espaces sociaux. Et bien sûr, le service doit être parfait !
C’est le cas. On sent aussi que le Badrutt’s Palace ne se contente pas de choyer ses clients, mais prend également soin de ses collaborateurs de manière exemplaire.
Nos 660 employés sont en moyenne chez nous depuis huit ans et demi. Ils connaissent l’hôtel, ils connaissent nos clients. Et ils connaissent notre mission. Il ne suffit pas d’atteindre les standards internationaux — une fois que c’est fait, c’est là que le vrai travail commence!
Le superbe restaurant du personnel Bella Vista, avec trois chefs et des logements parfaitement équipés, fait partie du package.
Et ce n’est pas tout. Nos collaborateurs ont accès à une salle de sport, bénéficient d’une application de santé mentale qui leur permet de consulter un psychologue s’ils ne se sentent pas bien. Nous leur offrons aussi la possibilité, après une formation approfondie, de travailler comme stewards ou hôtesses de l’air chez Swiss pendant l’été, pour faire le tour du monde. C’est une opportunité très prisée, surtout par nos jeunes employés.
Vous explorez de nouvelles approches en matière de recrutement.
Par exemple, nous nous rendons en Sardaigne, rencontrons les employés des hôtels de luxe comme le Cala di Volpe ou le Pitrizza lors d’un petit-déjeuner des alumnis, puis nous menons les entretiens le lendemain. Dans le meilleur des cas, nous faisons une offre d’emploi directement sur place.
Dans l'aile Serlas, une suite splendide décorée de tissus Loro Piana.
La suite penthouse, dans l'aile Serlas, coûte 40'000 CHF (par nuit).
L’ouverture de l'aile Serlas est votre dernière réussite en date. Antonio Citterio en était l’architecte, et Loro Piana a créé les tissus pour les 25 chambres et suites. Ce n’était pas une affaire bon marché.
Nous avons investi 70 millions à cet effet. Les premiers retours et le taux de réservation sont très positifs. Nos clients sont ravis de l’aménagement moderne et luxueux. Grâce aux portes communicantes et aux vastes salons, les vacances pour plusieurs générations sont possibles, ce qui répond à une forte demande chez la clientèle haut de gamme.
Lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes, vous avez un mentor au sein de l’établissement: Hans Wiedemann, un hôtelier expérimenté et couronné de succès, délégué du conseil d’administration et gardien du patrimoine de Hansjürg Badrutt.
Monsieur Wiedemann est mon grand soutien. Il examine nos idées et les approuve très rapidement quand elles lui plaisent. Il nous couvre et, pour moi, c’est le partenaire idéal pour échanger et confronter nos points de vue.
Depuis l'aile Serlas, le plus long escalator d’hôtel mène directement à la Chesa Veglia, sans doute le restaurant le plus réussi parmi vos onze établissements.
La Chesa est en effet toujours complète en hiver. Elle est très authentique et s’intègre parfaitement à la culture du Palace. Il n’est pas toujours nécessaire de faire de la haute gastronomie. Même les milliardaires aiment s’y asseoir côte à côte à une grande table et commander une pizza dama bianca. Bien sûr, les serveurs de la Chesa connaissent parfaitement les préférences personnelles de leurs clients.
Se détendre à l’«Hôtel de l’année» GaultMillau, c'est par exemple profiter de la plus grande piscine extérieure des Alpes.
Vous maîtrisez néanmoins la haute gastronomie. En hiver, des stars mondiales cuisinent au Badrutt’s Palace, notamment Nobu Matsuhisa.
Nous collaborons avec lui depuis des années, et à Saint-Moritz, nous avons une clientèle qui correspond parfaitement à son concept. Nous utilisons uniquement les meilleurs produits, et si Monsieur Nobu souhaite soudain un congélateur à thon capable de descendre jusqu’à -70 degrés, il l’aura, même si cet appareil coûte 50'000 francs. L’équipe de Saint-Moritz travaille en été à Mykonos, est bien rodée et fait sans doute partie des meilleures au sein du réseau mondial Nobu. En hiver, nous assurons deux à trois services par soirée.
Le drapeau du Palace flotte également sur le plus beau refuge des montagnes, le Paradiso.
Le chalet est difficile à exploiter, car il n’est pas facile d’accès. Mais l’effort en vaut la peine: les clients sont émerveillés par la vue depuis la terrasse ensoleillée, par la carte qui offre quelque chose pour tous les goûts, et par le service attentionné. Le Paradiso connaît aussi un grand succès en été. Le chef Andrea Panatti est le plus grand pêcheur et cueilleur de champignons de la vallée. Ce qu’il attrape et trouve, il le met directement à la carte.
Les clients du Palace ont un avantage. Ils obtiennent toujours une table, même dans les lieux très prisés comme le Paradiso, la Chesa Veglia ou le Matsuhisa.
Ils ont la priorité. Séjourner au Badrutt’s Palace doit toujours s'accompagner d'avantages.
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