Au bout du monde. À Crans-Montana (VS), la gastronomie a le vent en poupe. Et outre la multitude de tables notées au GaultMillau - ou qui y entreront cette année -, c'est de plus en plus la diversité de cette scène culinaire qui fait plaisir à voir. Il est un restaurant dont la cuisine «d'ailleurs» plaît depuis plus longtemps: celui du Guarda Golf, ce Swiss Deluxe Hotel situé au centre de la station. Après des années à proposer une cuisine japonaise de haute voltige avec Mizuki by Kakinuma (ex 15/20), l'hôtel familial s'est tourné vers le Levant en décembre 2020. Une évidence, au vu de l'histoire du lieu et des personnages qui le font.
Quelques mezzés, servis au restaurant Five du Guarda Golf.
Consultant de luxe. Lorsque la propriétaire du Guarda Golf Nati Felli et le directeur Simon Schenk ont réfléchi à ce concept, il était naturel que ce soit le conjoint de ce dernier, Uğur Can Sarikaya, qui crée les cartes et soit garant de la qualité des plats présentés. Turc d'origine et hôtelier, celui-ci connaît les recettes du Levant sur le bout des doigts. «Nous voulions créer une vraie identité culinaire, pas un assemblage de plusieurs cuisines, estime le directeur. Il était évident qu'il devait apporter sa contribution.» Il forme ainsi le chef exécutif de l'hôtel, Félicien Christe, et reste aux fourneaux pour confectionner les préparations qui demandent un savoir-faire particulier. Ce qui plaît avec cette cuisine? La proposition de plats à partager entre convives, mais pas uniquement.
Riche de ses racines turques et de son parcours hôtelier, Uğur Can Sarikaya a donné un élan levantin au Guarda Golf.
En place depuis des années, Félicien Christe gère à merveille toute la restauration de l'établissement, notamment le quotidien du restaurant Five.
Cuisine végétale. «Une multitude de mezzés sont originellement végétariens voire végans, se réjouit Simon Schenk. Ainsi, en plus de la demande grandissante pour les plats à partager, nous répondons de manière naturelle à celle pour une cuisine plus végétale.» Un atout indéniable, en plus d'être bien réalisé. Au menu, donc, de ce restaurant à l'intérieur élégant et à la grande terrasse panoramique: une ribambelle de mezzés aux saveurs inspirantes. Les karides, des crevettes sautées et déposées sur un lit de mijoté de tomates aux olives, câpres et feta, transportent sur une côte ensoleillée, par leur fraîcheur et leur gourmandise.
Houmous chaud. Les sarma, dénomination pour les classiques feuilles de vignes farcies ici au riz, explosent en bouche et séduisent par leur acidité, tandis que le houmous chaud (si si, vous avez bien lu) enveloppe le palais de son beurre épicé fondu. De croustillantes chips de viande séchée du Valais permettent de saucer le tout - si on veut changer des aériennes pides. Côté viande, les kibbeh chaudes sont réconfortantes. Sortes de falafels au bœuf et boulgour, ces boulettes frites aux pointes typiques se dégustent avec une sauce au yaourt et à la menthe. Des entrées généreuses, mais voilà qu'arrivent les plats, au fur et à mesure.
La salle du restaurant accueille les clients les soirs estivaux plus frais.
Poisson et carotte. Le poisson ne vient pas toujours en premier lieu lorsque l'on pense à la cuisine du Levant. Et pourtant, au Five, le filet de bar grillé et le pavé de turbot sont en bonne place. Accompagné d'une crémeuse purée de carottes au cumin et d'une sauce au beurre noisette, ce dernier est une délectation. Nacré, il se déguste en texture, avec des filaments de carotte frite. Plus de simplicité côté bœuf, servi en fines tranches sautées et assaisonnées d'un beurre persillé.
La pâtisserie en avant. À ce moment du repas, soit vous avez trop mangé et souhaitez zapper les desserts, soit vous êtes curieux et gourmand et misez sur une des douceurs promises. En sachant que Félicien Christe et son épouse Irina Kupenska sont pâtissiers de formation (elle est la cheffe pâtissière de l'hôtel), vous jetterez de toute manière un œil à la carte… et commanderez au moins cette fabuleuse tartelette feuilletée de pâte filo aux abricots et tahini. Esthétique, douce, crémeuse, texturée, elle coche toutes les cases d'un dessert réussi. Et donne des airs d'ailleurs. Vous n'aimez pas les abricots? Optez pour le vacherin fraise-rhubarbe-yaourt ou pour l'île flottante pistache-fleur d'oranger.
Le restaurant Five à l'hôtel Guarda Golf à Crans-Montana
Photos: Luciano Miglionico, Adrian Kilchherr
