Texte: Elsbeth Hobmeier Photos: Hans-Peter Siffert

Les vignes du couvent. Quelle histoire! Après quasiment 600 ans (!), le couvent d'Engelberg a fini par récupérer une partie de son ancien vignoble au bord du lac de Bienne. Il est donc de nouveau en mesure de proposer son propre vin. Bon timing puisque l'abbaye célébrera bientôt le jubilée de ses 900 ans. Les moines ont confié l'exploitation de leur vignoble à Beat Burkhardt qui gère également son propre domaine à Gléresse et a été distingué meilleur vigneron bernois de l'année en 2017 et 2020. Dans les environs, l'emblème d'Engelberg trône encore partout: sur une capite au sommet d'un vignoble, au débarcadère ou encore au restaurant attenant. Le souvenir du couvent a perduré malgré les siècles écoulés. Il revit aujourd'hui grâce à un chasselas frais, fruité et équilibré, portant l'étiquette du couvent. Le seul endroit où l'on peut se le procurer d'ailleurs.

 

Bijou des Blancs et Pinorone. Beat Burkhardt cultive la tradition tout en cherchant de nouveaux défis. «J'aime bien essayer des choses que personne n'a encore faites», déclare-t-il. Ainsi, par exemple, son Bijou des Blancs: une cuvée composée de sauvignon blanc, pinot blanc et gewürztraminer, un mélange très spécial, agréablement fruité, à la fois sec et très gouleyant. Tellement apprécié qu'à peine mis en bouteilles, tout est déjà vendu. Autre spécialité maison, le Pinorone, qui garde la finesse du pinot noir tout en gagnant en corps et en concentration grâce au procédé de séchage préalable des raisins – selon la méthode de l'amarone du Valpolicella. «C'est clairement un produit de niche car seules 2000 bouteilles sont produites par année, mais mes clients l'adorent», raconte Beat Burkhardt.

 

Passage au bio dès 2020. Bien qu'il ne le mentionne pas encore sur ses étiquettes, le vigneron a converti son exploitation au bio cette année. En limitant les pulvérisations et en privilégiant pour ce faire des produits alternatifs, cette approche est en accord aussi bien avec la nature qu'avec la philosophie des moines. Quelle différence y a-t-il entre le chasselas du couvent d'Engelberg et celui du Domaine Bielerhaus de Beat Burkhardt? «Tous deux poussent sur des sols profonds, ce qui se reflète dans le vin», explique le vigneron. Le vin du couvent est produit à partir de trois parcelles différentes situées près du hameau de Wingreis, un terroir qui lui confère une forte minéralité et de l'éclat. Prochainement, le couvent sera en mesure de proposer également un rouge: le pinot noir 2018 sera bientôt à maturation. Beat Burkhardt figure parmi les «Rookies de l'année» distingués par le jury GaultMillau.

 

En cave: blanc : chasselas, pinot gris, sylvaner, chardonnay, Bijou des Blancs. Rosé: œil de perdrix. Rouge: pinot noir, Trésor (dornfelder et malbec), pinorone à base de raisin pinot noir séché. Mousseux Vie en Rose.

 

Coup de cœur: le chasselas Cuvée, issu des meilleurs emplacements, «il est approprié en toutes occasions, de l'apéritif au dernier verre».

 

Trois chefs GaultMillau qui proposent des vins Burkhardt: Christoph Hunziker au Schüpbärg-Beizli à Schüpfen (13 points); Jean-Marc Soldati à l'Hôtel du Cerf à Sonceboz (16 points); Wilfried Köster au Maruzzella à Bienne (13 points). Le vin du couvent est disponible au couvent d'Engelberg.

 

>> www.bielerhaus.ch

>> www.kloster-engelberg.ch