Photos: Anoush Abrar

Du Vaudois à la carte. Son charisme très méridional et sa tchatche nous feraient presque oublier ses origines, si Alessandro Cresta ne glissait pas quelques «huitante», lorsqu’il nous raconte l’histoire de l’extraordinaire établissement qu’il dirige depuis deux ans: l’Hôtel Martinez, palace favori des stars pendant le Festival de Cannes. Ce petit chef d’œuvre, joyau de l’Art Déco inauguré en 1929, est en passe de rouvrir après une rénovation absolument somptueuse. Or peu de gens savent qu’à la tête de ce mythe de l’hôtellerie française se trouve un Lausannois de 54 ans, qui s’est formé à l’Ecole hôtelière de Genève et a bâti sa carrière à Dubaï, à Prague et à Paris, avant de prendre le chemin ensoleillé de la fort bien nommée Côte d’Azur.

Pierre Keller remet à Alessandro Cresta les insignes de Commandeur de l’Ordre des Vins Vaudois.

Palme et insignes. Lorsqu’un Lausannois dirige un établissement légendaire et propose (notamment) du chasselas à la carte de son restaurant La Palme d’Or - 18 points au GaultMillau et doublement étoilé, personne ne songerait à lui contester les insignes de Commandeur de l’Ordre des vins vaudois, remis mercredi par son président, le truculent Pierre Keller, auteur de cette phrase qui résume l’esprit d’une cérémonie bon enfant: «Ce titre n’est donné qu’à des gens qui boivent bien». Dont acte. Pour Alessandro Cresta, «très honoré», cette distinction sonne un peu comme un «retour à la maison», nous dit-il, évoquant avec émotion son enfance dans le quartier du Tunnel et ses sorties familiales au Café du Raisin, situé en bordure de la place de la Palud.

Alessandro Cresta, Philippe Gex, Christian Sinicropi, et Pierre Keller.

Chasselas et Croisette. Pour célébrer le titre remis à Alessandro Cresta, les invités se sont attablés à la Palme d’Or avec un Clos du Crosex Grillé de 2016, grand cru du vigneron Philippe Gex qui se mariait à merveille avec le radis et le pois mange-tout farcis (!) par le talentueux et surprenant chef Christian Sinicropi. Le Chef fait également mouche avec sa noisette de bœuf accompagnée d’une raviole de betterave au foie gras, des produits magnifiques, cuisinés avec une remarquable sobriété mais beaucoup de goût, accompagnés par un Mythologie Merlotissima 2016 du même producteur, celui-là même qui mettait son Sacra Vista grains nobles 2016 à disposition de la magnifique tarte meringuée à la mangue qui vint clore ce repas d’exception. Une rencontre culinaire avec une vue sur la plage privée du Martinez qui, pour l’anecdote, fut la première en France à accueillir des femmes en maillot de bain.