Texte: Knut Schwander Photos: Siméon Calame

9 juin, 12h15: lever de rideau. Après des mois de travaux, l'historique Pont de Brent vient d'accueillir ses premiers clients de l’année. Des habitués qui tenaient à découvrir la version 2022 de l’emblématique auberge. Car l’adresse que Gérard et Josette Rabaey avaient érigée en monument de la grande gastronomie helvétique (19 points au GaultMillau et 3 étoiles Michelin) renaît aujourd’hui, grâce à Amandine Pivault et à Antoine Gonnet. Venus du 42, à Champéry (16/20), ils ont rouvert aujourd’hui. Le GaultMillau y était.

Pont de Brent

Les sièges confortables inspirés des sixties ajoutent une rigolote touche urbaine.

Pont de Brent

Amandine Pivault et à Antoine Gonnet, venus du 42, à Champéry (16/20), ont rouvert Le Pont de Brent aujourd’hui.

Pont de Brent

Peintes en teintes vives et toniques, les nobles boiseries d’autrefois ont gagné un joyeux peps de type pop-scandinave.

Effet waouh. En entrant, c’est une vraie bouffée d’air frais. Partout des fleurs, de la couleur, de la lumière et des sourires. Peintes en teintes vives et toniques, les nobles boiseries d’autrefois ont gagné un joyeux peps de type pop-scandinave. Les (confortables) sièges inspirés des sixties ajoutent une rigolote touche urbaine. Et Amandine, secondée d’une jeune brigade de salle, y accueille ses clients avec l’énergie espiègle qu’on lui connaît. Alors on picore les amuse-bouches avec d’autant plus d’enthousiasme: un mini malakoff, régressif, un cigare au café servi dans un amusant «œuf de dragon» et une demi-shpère tomate-basilic thaï merveilleusement rafraîchissante. A l’évidence, il n’y a pas que le décor qui a gagné en modernité!

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Les miraculeuse ravioles en bouillon à la livèche.

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La pince de homard théâtralement dressée.

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Un confit de cédrat, une gelée de jus iodé, des moules et une généreuse râpée de foie gras qui fond sur la langue.

Coup d’éclat! Le menu (en fait il y en a deux, l’un plus long, l’autre plus court, plus un lunch) commence avec une vraie trouvaille: un confit de cédrat, une gelée de jus iodé, des moules et une généreuse râpée de foie gras qui fond sur la langue. C’est inédit, créatif et pertinent. On applaudit tellement que la tartelette haricot-cerise-perche et sa vinaigrette crémée au sureau passe presque inaperçue. C’est alors que le homard entre en scène: la pince théâtralement dressée recèle sa chair en légère tempura; la queue, plus sage, côtoie un crémeux de chou fleur -un peu écoeurant, ce dernier- qu’une envoûtante réduction merveilleuse vient napper.

Pont de Brent

Le sandre cuit en onctueuse sauce au cerfeuil, auquel les écailles frites apportent texture.

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La tendre volaille pattes noires en voluptueuse sauce «suprême».

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Place aux mignardises!

Sept en cuisine. De deux aux fourneaux à Champéry, ils ont passé à sept. Bien vu, car les efforts déployés pour que chaque nouveau plat soit épatant sont notables. Le sandre idéalement cuit en onctueuse sauce au cerfeuil, hérissé de fleurs et de feuilles, et auquel les écailles frites apportent un croquant. Les miraculeuse ravioles en bouillon à la livèche. La tendre volaille pattes noires en voluptueuse sauce «suprême», auxquelles les chanterelles de printemps vinaigrées apportent une touche d’acidité bienvenue. La création fromagère servie en alternative au très beau plateau: une délicate espuma «moitié-moitié» qui recèle une salade de myrtilles. Quelle belle idée! Enfin les desserts, graphiques, qui jouent sur la saison: rhubarbe et fleur d’oranger, ou framboise et petit-pois. Le tout, avec en prime les bricelets de Josette Rabaey. Ce Pont de Brent n’a pas fini de faire parler de lui, parole de GaultMillau!