Noblesse épicurienne. C’est l’un des palaces historiques et légendaires des Grisons. Grand, mais pas géant, le Kronenhof – Grand Hotel de la Couronne – a tout de l’intimiste demeure aristocratique adaptée à l’air de notre temps. Les enfants y disposent d’un club, les épicuriens y trouvent un spa étourdissant, les sportifs s’y retrouvent au centre d’un domaine sublime à parcourir à pied, à ski ou à vélo, et les gourmets s’y attablent dans l’une des plus somptueuses salles à manger qui soient, à moins de lui préférer les salles cosy, tout en bois, du Kronenstübli (16/20) où l’on déguste le fameux canard à la presse. Bref, ce palace idéal s’épanouit depuis 1848 dans un paysage d’une éblouissante beauté. Or, cette vieille dame commençait à avoir quelques rides. Pierre-Yves Rochon, l’emblématique architecte d’intérieur parisien, vient de lui offrir une nouvelle jeunesse.
Emeraude: l'élégant fumoir et le billard aux tons vert intense.
Saphir et rubis: le confortable bar à l'atmosphère de demeure de famille joue sur les contrastes bleus et rouges.
Chic parisien. Au fil des rénovations, les salons et les halls de ce palais néo-baroque aux colonnes en fonte et aux plafonds peints avaient fini par s’affadir un peu, perdant dans l’aventure leur chic historique au profit d’un style petit-bourgeois confortable, mais un peu plan-plan. C’est là que le talent de Pierre-Yves Rochon intervient. D’un coup de baguette magique, il a redonné au bar une noblesse chatoyante, jouant sur les velours bleus et rouges et les éclairages intimistes. Le grand hall – une splendeur! – s’épanouit désormais en habit bleu ciel qui répond à celui du paysage alpin (le ciel, donc) au-delà des grandes fenêtres.
Topaze: le somptueux hall aux fresques de la belle-époque en une aérienne déclinaison de bleu ciel.
Le diable se cache dans les détails. A la fois tonique et apaisante, élégante et décontractée, la rénovation du bel-étage du Kronenhof n’a qu’un défaut. Elle efface une applique par ici, une boiserie par là, des détails qui faisaient partie de l’histoire de la maison. Cela dit, Marc Eichenberger, le directeur de l’hôtel, se réjouit du nouvel éclat de sa maison: «Je suis très heureux que nous puissions poursuivre la rénovation du Grand Hotel Kronenhof en ajoutant des touches contemporaines à la structure historique en étroite collaboration avec la protection des monuments.» Et comme le Kronenhof est une destination à part entière souvenons-nous que l’arrière saison en Engadine, lorsque les mélèzes se couvrent d’or, est une merveille. Une idée d’escapade, peut-être?
