Texte: Sofia Lafaye

Restaurant historique. La mythique Tour d’Argent incarne l’antre de la gastronomie française. Hostellerie dès 1582, l’établissement du Quai de la Tournelle a vu Henri IV y organiser des banquets - c’est là qu’il aurait découvert l’usage de la fourchette! -, le Duc de Richelieu y aurait initié la recette du bœuf Richelieu, Marcel Proust et plus tard Sacha Guitry y rassérénaient leur créativité. Et le 20ème siècle y a vu s’aventurer John Kennedy, Bill Clinton, Marilyn Monroe et quelques autres, entre univers politique d’excellence et jet-set. 

 

Métamorphose. Dès 2020, galvanisée par ses 400 ans d’existence, la Tour d’Argent a entrepris une métamorphose par l’architecte Franck Azzi. Elle a inauguré cette nouvelle version il y a quelques mois, entre les mains d’André Terrail (3ème génération depuis 1911) avec Yannick Franques en cuisine et Victor Gonzàlez comme chef sommelier. Cependant il reste des objets, documents et meubles d’avant: la vente aux enchères online organisée par Artcurial du 12 au 19 janvier 2024 permettra aux collectionneurs ou restaurateurs de miser quelques 328 lots.

 

Pièces d’exception. «Les arts de la table représentent plus de la moitié de la vente», explique Juliette Leroy, commissaire-priseur en charge de l’évènement. Batteries de cuisine en cuivre, assiettes, couverts argentés, chandeliers en bronze doré, carafes de Saint-Louis ou Baccarat sont siglés du blason iconique du restaurant et rivalisent avec des pièces de mobilier. Il y a même une chaise à porteur qui aurait appartenu à Mme de Pompadour. Tous encapsulent une émotion à l’instar de ces lots en lien avec le Canard au Sang, la spécialité incontournable dont le chef Frédéric Delair a codifié l’élaboration au XIXème siècle. 

 

Les lots phares. Insolite, le numéro 16 met en vente un masque d’aboyeur reproduisant une tête de canard: «Il coiffait le hérault annonçant les invités et dévoile le majestueux de ce restaurant et devrait remporter de nombreux suffrages», explique Juliette Leroy. Le lot 317 est un recueil richement relié d’invitations et de menus de 1862 à 1905 adressés aux membres des familles royales et impériales d’Europe. Mais chacun des 328 lots est unique et  remémore la devise transmise par Claude Terrail: «Il n’est rien de plus sérieux que le plaisir».

 

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