Texte: David Schnapp Photos: Rolf Neeser

Le couteau des stars. Quand Michael Bach sort son dernier produit de sa poche et vous le tend, il le fait avec un sourire de satisfaction évidente. Depuis quinze ans, cet ingénieur de 53 ans travaille dans le domaine des couteaux. Il vend des couteaux japonais hyper-tranchants et d’autres instruments de coupe à nombre de cuisiniers privés ou professionnels dans toute la Suisse. Depuis quatre ans, avec Sknife, il a pourtant passé à la vitesse suppérieure, hissant l’art du couteau à un autre niveau: à la fois esthétiques et de haute qualité, ses couteaux à steak ont tout de suite trouvé leur place sur les tables des meilleurs chefs: chez Heiko Nieder ou Franck Giovannini, par exemple, et même à l’Alinea de Grant Achatz, superstar aux Etats-Unis.

 

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Ingénieur passionné: Michael Bach avec son couteau à steak.

High-Tech made in Switzerland. A présent, c’est acquis, la marque de Michael Bach se profile comme la Rolex des couteaux. Ainsi Sknife To Go, son couteau à steak high-tech et made in Switzerland, fait d’acier chirurgical, de céramique et de technologie horlogère, est le couteau de poche réinventé! Tout comme les fameux couteaux de Laguiole, l’ingénieur tenait à créer un produit noble d’allure mais simple d’usage, facile à ouvrir, inoxydable et porteur d’émotions. Un faisceau de qualités dont aucun produit existant ne pouvait se prévaloir.

 

Mécanisme secret. «Il a fallu un an de croquis et d’essais pour passer de l’idée au produit final», se souvient Bach. Du coup, la comparaison avec une Rolex ne se limite pas à une simple image flatteuse: concrètement, ces couteaux sont fabriqués avec les mêmes aciers que ceux utilisés par le célèbre fabricant de montres. Et puis il y a le mécanisme: sur simple pression, la lame se déploie sans résistance ni bruit: «Comme la porte d’une voiture de luxe», constate Bach. «Nous avons investi un temps fou pour fignoler ce mécanisme dont nous avions sous-estimé la complexité.»

 

Précision au millième de millimètre. Il faut une précision au millième de millimètre pour que les deux disques de céramique nécessaires au bon fonctionnement du mécanisme ne s’usent ni ne se décalent ou s’abîment sous l’effet de l’eau ou du sel. De son mécanisme secret, Michael Bach ne révèle qu’un indice: «Il est comparable à celui des montres à rubis d’autrefois, remplacé aujourd’hui par de la céramique high-tech assimilable à celle en usage dans les technologies médicales, les prothèses de la hanche, par exemple.» A l’évidence, cet ingénieur connaît son domaine. Son riche parcours de cadre dans l’industrie horlogère lui a permis d’affiner sa connaissance des matières: il était chez Rado, par exemple, lorsque cette marque avait cartonné avec ses montres en céramique.

 

Niveau supérieur. Bach vient à présent de développer un couteau à steak pliant: un outile de poche à utiliser en toute circonstance, même au restaurant, si les outils proposés ne sont pas performants. Cette tradition du couteau personnel est bien établie en France. Michael Bach compte bien lui donner une nouvelle envergure. A cette fin, il ne ménage aucun effort. Ainsi, il n’utilise que du bois de frêne ou de noyer suisse, qu’un procédé spécifique développé en collaboration avec l’Ecole supérieure du bois, à Bienne, vient parfaire: pour un usage en gastronomie, le bois est infiltré d’acryle, sous vide et sous pression.

 

Deux mois d’attente. Le couteau de poche Sknife se profile ainsi en objet de collection pour vrais passionnés. Et la demande est si forte qu’il faut compter deux mois de délai de livraison. Pas de quoi décourager les clients prêts à débourser 595 francs pour un couteau high-tech en acier chirurgical, ou même 999 francs pour la variante en acier Damas composé de 600 couches. «Un client voulait absolument un couteau de la première série, se souvient Michael Bach. Lorsque je lui ai remis le numéro 9, il en avait les larmes aux yeux.» Pour un entrepreneur, c’est un aboutissement, le sourire de satisfaction arboré par Bach l’atteste.