Texte: Knut Schwander Photo: Olivier Evard

«J’ai failli y passer!» Tout a commencé en juin 2020, après une intervention médicale chez son médecin. Le chef veveysan Denis Martin (17/20), 65 ans cette année, a ressenti des douleurs anormales. Quelques examens plus tard, le diagnostic tombe: infection au staphylocoque doré. Alors il est hospitalisé à Rennaz. Mais là, au lieu de s’améliorer, très vite la situation se péjore. Il développe une septicémie. «J’ai vraiment failli y passer, se souvient-il aujourd’hui, presque remis. J’ai perdu 20 kilos, mes jambes ont l’épaisseur de mes bras et je dois retourner à l’hôpital pour des contrôles régulièrement. Mais j’ai le moral! L'hôpital de Rennaz et son staff m'ont sauvé, je leur dois tout.» Mais ils ne sont pas les seuls que Denis Martin remercie aujourd’hui.

 

«Merci à ma brigade!» Pendant six mois, l’été et l'automne passés, le chef s’est néanmoins retrouvé dans l’incapacité de travailler. «J’ai réalisé l’importance de former et de fidéliser une brigade de cuisine. Sans elle, mon restaurant aurait été en péril. Mais avec ma femme, Clara, qui s’est montrée incroyablement courageuse, les gars ont assuré. Même l’un de mes anciens est venu spontanément donner un coup de main pendant ses vacances. Tout ça m’a beaucoup ému. J’ai un staff incroyable!»

 

Le bonheur! Avec son traitement de huit mois aux antibiotiques, pour Denis Martin, le covid passait au second plan. Mais quand même: «En plus de ma maladie, il y avait la peur que l’un des gars n’attrape le virus, ce qui nous aurait obligés à fermer pour quarantaine.» Et l’été passé, cela aurait été dommage. «On a vraiment très bien travaillé. De plus, j’ai été très touché de voir à quel point les gens ont voulu nous soutenir: sans compter les messages, appels, réservations, en quarante ans à mon compte, je n’ai jamais vu une clientèle aussi reconnaissante. Et ça, c’est du bonheur!»

 

Covid-19 oblige… 2020 n’a pas été une année simple: «Entre les fermetures, la maladie des uns, la quarantaine des autres, l’un de nos clients a dû repousser 17 fois sa réservation!» Pour Denis Martin tout particulièrement, 2020 restera une année très spéciale: «Pour mes 50 ans en cuisine, j’aurais rêvé mieux!» Mais, à ses yeux, le point fort de cette pandémie, «c’est la revalorisation de notre métier de restaurateurs: les clients se sont aperçus que nous étions indispensables, même si le Conseil fédéral nous considère comme des commerces non essentiels». Fort de ce constat, le cuisinier magicien se réjouit de rouvrir et de revenir auprès de sa brigade, «mais en chef d’orchestre plus qu’en musicien, car j’ai réalisé qu’ils sont formidables».