Texte: Daniel Böniger
Une œuvre détruite. Il arrive chaque année que des restaurants sortent du GaultMillau. C'est souvent soit après un changement de chef, soit lorsque la cuisine laisse à désirer. Le Nest- und Bietschhorn, qui affichait 15 points, ne figurera pas dans la prochaine édition du guide, mais pour une raison encore jamais vue: situé dans le hameau de Ried (VS), près de Blatten, il a été enseveli le 28 mais dernier, sous environ neuf millions de tonnes de roches, de débris et de glace. Comment la propriétaire Esther Bellwald et son mari, le chef Laurent Hubert, font-ils face à la destruction de ce qui était l'œuvre de leur vie?
Ensemble pour résister. Le couple dirigeait l'entreprise familiale depuis 2011, avant de la racheter à la famille de Madame six ans plus tard, et de l'agrandir: «C'était un petit paradis, où déambulaient nos rêves et nos souvenirs d'enfance», explique Esther Bellwald. Se «sentant responsable», elle maintient des contacts étroits avec ses employés en ces temps difficiles. Beaucoup de clients lui ont envoyé des messages de solidarité, ce qui a réconforté la propriétaire de ce chalet gourmet, qui l'annonce sur la page d'accueil du site du restaurant: «Chers clients, nous vous remercions pour votre fidélité et les souvenirs que vous nous avez laissés.»
Au restaurant Nest- und Bietschhorn, l'hospitalité était une tradition et un devoir.
Il ne reste plus rien du charmant hôtel de Ried, dans le Lötschental.
Il profite pour se former. Pour l'instant l'avenir reste incertain. Néanmoins, deux mois après la catastrophe, de petites lueurs d'espoir apparaissent. Fin juin, par exemple, Laurent Huber s'est formé en boulangerie à la célèbre École Lenôtre, à Paris. «C'est un rêve de longue date qui s'est réalisé rapidement», explique ce cuisinier passionné, qui ne cachait pas être un peu perdu: «Esther sait faire beaucoup de choses et est douée en tout – moi, je ne sais que cuisiner.»
Voyage en famille. Autre bonne nouvelle pour le couple et leurs deux enfants: la petite famille voyage actuellement dans le nord de l'Europe en camping-car. Un voyage qui doit lui permettre de prendre de la distance par rapport aux événements. «Ensuite, nous reviendrons à notre nouvelle réalité et continuerons à avancer, pas à pas.» On ne peut que souhaiter bonne chance et beaucoup de courage à toute la famille.
Photos: Andrea Soltermann, Kurt Reichenbach