Top Ten

La gare centrale de Prague, bâtie au début du XXe siècle, est une incroyable construction art nouveau. Le hall central est même un chef-d’œuvre. On se retrouve à l’intérieur d’une bulle dorée, ornée de magnifiques peintures représentant toutes les villes que l’on pouvait atteindre depuis la capitale, et de quelques splendides jeunes filles qui ressemblent à des fleurs. On admire ces superbes déclarations depuis les tables du buffet de la gare, un des plus magnifiques café de Prague, mais aussi l'un des plus ignorés des touristes. C'est que l'on s'attarde rarement à la gare quand tant de merveilles nous attendent en ville.

Au bord de la rivière, en face du théâtre national, entièrement rénové dans son magnifique décor des années 1920, le café Slavia, où l’on dit que Vaclav Havel venait régulièrement boire un verre, y compris durant sa présidence. Aujourd'hui, les jeunes intellectuels et les étudiants préfèrent s'asseoir sur des tables récupérées, de l'autre côté de la rue, sur les bords de la rivière. Et ils délaissent l'intérieur magnifique mais un peu guindé du café Slavia.

La plus belle réalisation art déco de Prague, c’est sans doute l’hôtel Impérial, et son fameux café, récemment rénové. La décoration date de 1914, d’inspiration assyrienne, avec ses femmes vêtues de longues robes blanches, accompagnées de lions tranquilles, avec ses colonnes couverte de céramique, avec ses plafonds de mosaïque, ses grands lustres, avec une cage d’escalier monumental embellie par une naïade nue. Comme un peu près partout dans la capitale tchèque, l’hôtel n’a guère été entretenu durant le régime communiste, et l’on doit la somptuosité actuelle du restaurant à une rénovation en profondeur, effectuée il y a une quinzaine d’années.

On connaît tous l’art nouveau, l’art déco, le modernisme, mais à Prague, on a aussi construit en style cubiste! Le principe architectural est simple: on rejette toutes les fioritures des tendances précédentes, pour n’adopter plus que des formes pures, géométriques, des cubes, des cylindres et des sphères. Il ne reste aujourd’hui plus qu’une douzaine de ces bâtiments cubistes à  Prague, dont le célèbre Grand Café Orient, où il faut préférer l'étage, architecturalement le plus intéressant, pour prendre son thé.

Karel Prager était un des architectes les plus en vogue à l’époque du régime communiste tchécoslovaque, qui a construit plusieurs bâtiments officiels, assez lourds, symboles du pouvoir. Par contre, son Ecole d’architecture, posée sur une petite colline qui domine la ville de Prague, est un rêve moderniste, très élégants, entouré de grands jardins, mêlant herbe, fleurs et métal, où s'est ouvert un café des plus agréables. Avec, juste à côté, un monastère bénédictin construit à l’époque gothique. Joli contraste.

Dans les années 1960, pour recevoir les hôtes de prestige, les autorités de Prague ont construit un hôtel de luxe dans le plus pur style stalinien en vogue à cette époque. L'intérieur ne semble pas avoir changé depuis les années 1960, avec un grand hall de réception tout en marbre blanc et noir, des matériaux luxueux, des ferronneries, et quelques inévitables peintures de paysans et de paysannes à l'air joyeux et aux gros bras noueux. Même les meubles sont d'époque, souvent très élégants, comme sortis d'un magazine de design des années d'avant. L'idéal pour prendre un verre au bar, si l'on veut faire un petit voyage dans le passé.