Texte: Elsbeth Hobmeier Photos: Hans-Peter Siffert

Vous êtes la nouvelle génération du domaine Maye. Comment les clients, les grossistes, les restaurateurs réagissent-ils à votre égard?

Ils semblent contents de voir un jeune motivé, qui apporte fraîcheur et jeunesse à la cave. Et comme j'ai la même vision que les générations précédentes, les clients sont convaincus que nous allons continuer sur le même chemin que jusqu'à présent. Ils apprécient la typicité et la pureté de nos vins. Soit exactement ce que nous essayons d'améliorer en permanence. Le changement de génération s'est fait volontairement très en douceur, de telle façon que la plupart des clients n'ont pas remarqué grand-chose.

 

Qu'est-ce que cela représente pour vous de reprendre un domaine aussi célèbre et emblématique?

Je sens déjà un immense poids sur mes épaules. Je suis conscient de l'ampleur de ce qui a été accompli par ceux qui m'ont précédé pour en arriver là. Et je me sens dans l'obligation de faire au moins aussi bien. Je n'oublierai jamais ce que mon grand-père Simon m'a dit : «Tu ne feras pas les choses comme moi, tu feras mieux.» Je crois que l'on va toujours de l'avant, même lorsque l'on pense que l'on ne peut plus s'améliorer.

 

Vous allez donc tout de même changer certaines choses?

J'ai un grand respect pour tous ceux qui ont investi tant de travail et d'expérience dans notre domaine. C'est la raison pour laquelle j'envisage l'avenir plutôt comme un développement continu que comme un changement radical. Jusqu'à présent, ma famille ne s'est jamais reposée sur ses lauriers, pensant toujours à la prochaine étape. Chaque génération a de nouveaux défis à relever. Mon grand-père Simon s'est battu pour la régulation des quantités vendangées et pour l'amélioration de la qualité du vin. Ma génération, quant à elle, doit s'occuper de questions d'impact environnemental.

Barriqueprobe Rotwein,St-Pierre-de-Clages, Wallis,Valais, Schweiz, Suisse, Svizzera,Switzerland,

Fruité et complexe: «Bon but était aussi de faire des vins fruités et complexes», dit Raphaël.

Cornalin Ernte,, Wallis,Valais, Schweiz,Suisse,Svizzera,Switzerland,

Travailler avec une magnifique vue: vendanges de Cornalin à Chamoson.

RaphaÎl Maye , ÷nologe,St-Pierre-de-Clages, Wallis,Valais, Schweiz, Suisse, Svizzera,Switzerland,

Avec précaution: Raphaël Maye prélève un échantillon de barrique.

Vigneron, était-ce le métier de vos rêves ou une obligation familiale?

Choisir un métier à 16 ans est très difficile. A ce moment-là, je n'étais pas du tout convaincu de vouloir devenir vigneron. Mais déjà à l'époque, j'avais de l'intérêt pour la vigne, raison pour laquelle j'ai fait mon apprentissage ici puis étudié la viticulture et l'œnologie à la haute école de Changins. Le déclic à proprement parler ne s'est produit qu'à 19 ans, lorsque j'ai dégusté dans le Piémont un vin magnifique, tout en finesse et en complexité. Je me suis dit: «Moi aussi, je veux produire un vin tel que celui-ci.» Et je savais que nous avions pour cela les terroirs et les cépages idéaux. Dès ce moment-là, la véritable passion pour mon métier s'est éveillée en moi.

 

Dans quelle mesure votre enfance a-t-elle été marquée par le vin? 

Je n'ai jamais connu un autre milieu. Mon père et mon oncle y travaillent tous les jours, de même que mes grands-parents. Petit déjà, je pouvais aider à l'embouteillage avec mes frères et ma sœur – c'étaient toujours de beaux moments. La vigne déterminait nos vies: mon père était dans le vignoble, mon oncle dans la cave et ma grand-mère gérait la vente. Je garde uniquement de bons souvenirs de mon enfance.


 

Comment avez-vous réparti les responsabilités au sein de la famille aujourd'hui?

Après différents stages en Suisse et à l'étranger, je suis rentré chez moi en 2015, j'avais alors 25 ans. Lorsque j'ai commencé, mon père Jean-François, mon oncle Axel et ma grand-mère Antoinette étaient encore pleinement responsables de leurs domaines respectifs. Durant trois ans, j'ai pu réaliser la vinification avec mon oncle et m'occuper des vignes avec mon père. Ils m'ont intégré immédiatement, la transition s'est faite très en douceur. Bien qu'il soit désormais à la retraite, mon oncle est toujours à disposition si j'ai des questions ou des doutes sur la vinification. Mon père travaille encore partiellement, en particulier lors de périodes intenses. Et ma grand-mère est toujours là aussi, mais, à 90 ans, elle est un peu fatiguée. Depuis l'année dernière, ma compagne Nadine reprend de plus en plus de tâches administratives et aide à la vente.

 

>> www.simonmaye.ch