Texte: David Moginier Photos: DR
Belle ambition. En arrivant à ce qui s’appelait encore Domaine des Fancous jusqu’à l’an dernier, on a de belles surprises. La cave a été largement agrandie et réorganisée pour être pratique. Un bel espace de dégustation moderne et chaleureux a fait son apparition. Et on y découvre la gamme de vins rajeunies et rhabillées de ce qui s’appelle désormais le Domaine Debluë, du nom de cette famille qui est ici au moins depuis douze générations. Il faut dire que le fils, Nicolas, a de l’ambition et un parcours qui lui permet de l’accompagner.
Du commerce à Changins. Le jeune homme a commencé par faire la HEC à Lausanne, jusqu’à un master en gestion d’entreprise, y compris des semestres au Canada et au Danemark. Puis il a fait des stages dans des domaines viticoles à Zurich, au Tessin et chez les voisins Dutruy avant de faire la HES de Changins. Un joli bagage pour revenir dans ce domaine mixte – vignes et pommiers – en 2019, vinifier les crus et lancer un projet pour les pommes. Il reprend l’affaire cette année, avec sa femme Isaure (grande photo ci-dessus), après avoir mené les travaux pour sa vision.
Le grand et joli carnotzet.
Vente directe. «Le capital extraordinaire que m’a lancé mon père, c’est une clientèle fidèle. Nous vendons 85% de nos 60'000 bouteilles en vente directe, là où nous avons la meilleure marge. Le grand carnotzet doit permettre de mieux les recevoir.» Mais aussi d’attirer de nouveaux acheteurs, par exemple par les événements qu’Isaure, qui a suivi les cours de sommelière, va organiser dans le bel espace – initiations à la dégustation, accord mets-vins – dès la fin mai. «Et nous louons aussi l’espace à condition que les gens prennent notre vin, c’est un bon moyen de rentabiliser les investissements que nous avons faits.»
Nouvelles gammes. Le jeune couple et le frère d’Isaure, qui travaille dans la communication, ont également complètement revu la gamme de vins du vignoble de 8,2 ha. Les entrées de gamme, proposées dans la Sélection Les Fancous, les rouges barrique dans la Réserve Dyonisos, les millésimes exceptionnels dans les Cuvées Les Cœurs. S’y ajoute une cuvée L’Ephémère dont l’assemblage change chaque année, et l’étiquette dessinée par un artiste elle aussi. «Je me suis dit que si Mouton-Rotschild pouvaient le faire, nous pouvions nous le permettre», affirme en souriant l’énergique vigneron.
La cuvée L’Ephémère dont l’assemblage change chaque année, et l’étiquette dessinée par un artiste elle aussi.
Pas pour sa pomme. La logique de valoriser au mieux la production a aussi poussé le jeune homme à chercher des solutions pour les pommes de seconde qualité des 15 ha plantés. Son travail de bachelor de Changins porte donc sur l’élaboration d’un cidre. Il teste les six variétés de pomme cultivées, soumet des essais à un pannel de dégustateurs de la HES, avant d’arriver à une recette qui lui plaît. Devant le succès de la première cuvée de Swidre en 2020, la production s’étend pour ce cidre de style plutôt anglais que normand, élaboré en cuve close plutôt qu’en bouteilles, dont il produit désormais plus de 70'000 bouteilles vendues dans les bars des environs. «Je ne voulais pas non plus concurrencer le chasselas.» Il le propose désormais en cinq versions.
Ce qu’on trouve en cave: du chasselas, du chardonnay, du pinot gris en blanc; deux rosés; du pinot noir, du gamaret, du merlot et de la syrah en monocépage, et trois assemblages en rouge; un vin doux et deux pétillants. Cinq Swidre.
Ses restaurants coups de coeur: «Nous sommes surtout présents dans la région, comme au Relais de Chavannes-de-Bogis ou au Cercle du Golf de Bonmont.»
