Texte: Elsbeth Hobmeier

LONGUE HISTOIRE, GRANDE TRADITION. Autrefois, les vignobles si pittoresques qui s'étendent sur les rives du lac de Bienne, près de La Neuveville, appartenaient à différents monastères. Suite à la Réforme, ils ont été nationalisés et sont devenus propriété de la Ville et République de Berne. Depuis 1852, ces vignes dépendent de la direction des finances de la ville et sont gérées par un administrateur. Depuis exactement 115 ans, ce rôle est occupé par la même famille, les Louis. En l'an 2000, l'actuel maître de chai Hubert Louis a pris la relève de son père Jean-Pierre. Auparavant, son grand-père et son arrière-grand-père étaient aux commandes. Ce sont eux qui ont poussé à la diversification des cépages et imposé cette qualité qui caractérise les vins arborant l'ours bernois sur leur étiquette. Une évolution qui se poursuit encore aujourd'hui avec la conversion réussie de l'ensemble de l'exploitation au bio. Dès le millésime 2023, le vin répondra aux critères du label Biosuisse. 

 

DES PLANS AMBITIEUX. Actuellement, la Lorette, sobriquet qui désigne le bâtiment du domaine, isolé au milieu de ses vignes, est en pleine phase de rénovation. Outre l'imposante maison de maître et les bâtiments de la cave et du pressoir, bâtis en 1970, on construit une nouvelle grange, qui abritera les véhicules et les outils, sans oublier un carnotzet pour les dégustations. Ce qui va libérer de l’espace, qui sera utilisé comme logements. Cinq appartements seront disponibles à la location à partir de 2023. Grâce à une nouvelle installation solaire, l'exploitation pourra aussi fortement réduire son empreinte carbone, et une station de lavage écologique pour les appareils pourra être utilisée par tous les viticulteurs de la région. Pour l'aider dans ses tâches administratives, Hubert Louis peut s'appuyer depuis deux ans sur Thomas Berner, qui, en tant qu'ancien planificateur des transports dans l'administration fédérale, apporte son expérience dans la gestion de projets. Ce qui permet au maître de chai, qui est aussi œnologue, de se consacrer entièrement à la vinification.

 

LA BOURGEOISE S'EN VA. Les bâtiments ne sont pas les seuls à bénéficier d'un rajeunissement, l'éventail des cépages cultivés jusqu'à présent l'est également. Cette année, Hubert Louis, Thomas Berner et leur équipe ont planté deux nouvelles variétés de piwi, des vignes résistantes aux champignons, qui nécessitent moins de traitements et sont donc plus respectueuses de l'environnement. Pour les blancs, il s'agit d'un sauvignac, pour les rouges d'un croisement au nom assez peu glamour de CAL 1-28. Il viendra compléter les cépages rouges actuels, pinot noir, gamaret et divico. Un tout nouveau vin orange, tiré du chasselas, vinifié sans soufre ni autres additifs, est également au programme. Un autre changement est prévu pour fin 2023: la bourgeoisie de Berne cherche un nouveau vigneron pour les cinq hectares de vignes de l'île Saint-Pierre, qui étaient jusqu'à présent vinifiés par les Louis. «Cela va nous permettre de ne plus nous occuper que de notre propre gamme de vins, ce qui simplifiera notre travail», assure Thomas Berner. Ceci dit, il regrette quand même cette décision de la bourgeoisie. Par contre réjouit que la ville de Berne continue de soutenir son beau vignoble du bord du lac de Bienne. Et surtout qu'elle continue de servir ses vins lors de toutes les manifestations importantes.

 

CE QUE L'ON TROUVE EN CAVE:

Schafiser Bielersee AOC: chasselas, pinot noir, oeil de Perdrix, chardonnay, pinot gris, sauvignon blanc, chardonnay barrique, gamaret barrique, pinot noir barrique, vin du jubilé (Cuvée blanc & rouge), vin doux Dolce vita.

St. Petersinsel AOC: chasselas, pinot noir, oeil de Perdrix, chardonnay, pinot gris, savagnin blanc, philémon barrique, vin mousseux Les Rêveries.

 

COUP DE COEUR: Hubert Louis aime tout particulièrement le sauvignon blanc, frais et fruité. Thomas Berner est plutôt attiré par le gamaret élevé en barrique, puissant et terreux, avec ses arômes de baies des bois.

 

LES ACCORDS mets-vins: Hubert Louis préfère accompagner le sauvignon blanc de poissons du lac de Bienne, mais aussi de moules ou d'huîtres. Pour Thomas Berner, le gamaret peut être accompagné d'un beau morceau de viande ou d'un bon risotto crémeux.

 

TROIS RESTAURANTS qui proposent leurs vins: Bären à Laupen, Landgasthof à Schönbühl, Ratskeller à Berne.