Légende divine. Quand Dieu a distribué les terres, les Géorgiens faisaient la fête et buvaient du vin. Ils ont donc failli ne rien recevoir, dit la légende. Mais, touché par la joie de vivre de ces épicuriens, Dieu leur aurait finalement donné la région qu’il avait gardée pour lui: la Géorgie. Par extension, on comprend que tout ce qui est issu de ces terres serait divin. Le vin, par exemple? En tout cas, cela fait plus de huit mille ans qu’il s’en produit sur ces terres. Plus récemment, une Suissesse, Isabelle Ryser, originaire de Chardonne, s’est lancée dans l’aventure de la production de vin en Géorgie. Vigneronne improvisée mais passionnée, cette native de Chardonne formée dans le milieu médical bénéficie d’un sens de l’odorat exceptionnel et d’un fin palais, mais ne boit jamais de vin! Ses crus, eux, n’en remportent pas moins un franc succès.

Patrimoine de l’Unesco. Tout a commencé au hasard d’une rencontre entre Isabelle et Nicolas Ryser avec des Géorgiens qui sont devenus des amis. Les Ryser leur ont donc rendu visite chez eux et c’est là qu’ils ont découvert une région au potentiel extraordinaire. Une sorte de coup de foudre: à 50 ans, ils ont donc choisi de tout recommencer. Ils ont commencé par planter des noisetiers, puis élever des vaches, pour finalement planter de la vigne sur leur domaine de Ruispiri. L’occasion de découvrir des méthodes de vinification ancestrales en qvevri (grosses amphores) et de redynamiser une culture ancestrale passablement malmenée à l’époque soviétique, mais qui est à présent inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.

vins géorgiens

Isabelle a commencé par planter des noisetiers, puis élever des vaches, pour finalement planter de la vigne sur son domaine de Ruispiri.

Toute une aventure. Comment y parvenir sans être vignerons? Ils se sont associés avec leur ami Giorgi Aladashvili. Formé en France et en Suisse, il est aussi le premier Géorgien a avoir introduit la culture biodynamique dans son pays. Aujourd’hui, Isabelle passe le plus clair de son temps sur place, alors que Nicolas développe l’importation en Suisse. De part et d’autre, c’est un travail de longue haleine. Là-bas, il a fallu se familiariser avec les quelque 500 cépages autochtones – rkatsiteli, mtsvane, kisi, khikhvi… –, en partie totalement méconnus ailleurs. Avec une tradition de vinification très spécifique aussi: travail manuel, usage de chevaux, batonnages quotidiens. Et ici, en Suisse, il a fallu familiariser le public avec ces vins orange non filtrés aux notes aromatiques intenses et subtiles. Pari tenu: des sommeliers de talent comme Michele Caimotto (ex-sommelier de l’Hôtel de Ville de Crissier) s’y intéressent et une partie du public de la Fête des Vignerons de Vevey a applaudi ces crus en marge des festivités.

 

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