Texte: Knut Schwander Photo: Nicolas Righetti

Le 31 août, le Natürlich remplaçait le Tablar, à Genève. En tête d'affiche Pierre Jancou, moitié zurichois, moitié français, devenu star culinaire à Paris, puis en Italie: «Un joyau rare –  un diamant au cœur tendre et au talent pur» écrivait notre confrère Edouard Amoiel dans Le Temps, début septembre. Et pourtant, vendredi soir passé, les convives attablés au Natürlich ont vu le chef partir dès le service achevé, sac Freitag en bandoulière. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’il n’avait pas l’intention de revenir. Pourquoi? Nous lui avons posé la question.

Tout le monde à Genève ne parle que de vous et vous partez?

Je suis venu à Genève avec mon nom, mon concept, un logo et une équipe, pour monter le Natürlich avec les mêmes associés que Nicolas Darnauguilhem avant moi. Or, j’ai rapidement réalisé que, contrairement à ce qui était prévu, mes associés voulaient prendre le contrôle sur tout le projet, sans me laisser aucune autonomie. A 50 ans, je n’ai vraiment pas envie de subir cette situation.

 

Qu’est-ce qui vous déplait, au juste, dans cette situation?

A l’évidence, mes partenaires n’ont pas confiance en moi. Or, partout où je suis passé à ce jour, j’ai toujours travaillé dans la confiance. J’ai donc contacté un avocat qui m’a aussitôt dit que l’accord que j’avais signé était léonin, en ma défaveur. Je me sens trompé, c’est pourquoi j’ai décidé de quitter le navire avant que les choses ne s’enveniment encore plus.

 

Et comment voyez-vous l’avenir?

Le retour en Suisse s’est imposé comme une évidence pour moi. Cet épisode n’y change rien. La prochaine étape sera peut-être à Genève, ou à Zurich où j’ai de nombreux contacts. Je ne me fais pas de soucis, j’ai déjà ouvert neuf restaurants et j’ai plein d’idées, je suis donc confiant!